Immobilier locatif : la fin du Pinel en 2025, vraiment ?
«L’investissement locatif est complètement à l’arrêt». Tel est le constat dressé en cette rentrée par un grand courtier immobilier français depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin. La nomination d’un nouveau Premier ministre se faisant toujours attendre depuis le second tour des élections législatives anticipées, remportées le 7 juillet par le Nouveau front populaire mais sans majorité absolue, les candidats à l’investissement locatif «ne savent pas où le pays va en termes de fiscalité», explique le courtier. Des incertitudes qui s’ajoutent à la disparition à venir, le 1er janvier 2025, du dispositif Pinel, qui vous permet de bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu lorsque vous achetez un logement neuf pour le louer à un prix inférieur à celui du marché.
«Il n’y a plus d'incitation à investir dans la pierre pour les personnes qui ont un peu d’argent de côté et qui ont envie de préparer leur retraite» en se constituant un revenu complémentaire, se désole auprès de Capital Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment. Et qui dit moins d’investisseurs locatifs, dit moins de logements à louer.
Quand Bernard Cazeneuve dressait les louanges du Pinel
Olivier Salleron a donc pris sa plus belle plume pour adresser, la semaine dernière, une lettre aux présidents des groupes politiques à l’Assemblée nationale afin de les sensibiliser, en amont de la discussion parlementaire sur le projet de loi de finances pour 2025, à la nécessité du «maintien d'un régime favorable à l'investissement locatif privé». Un maintien via la prorogation du Pinel ou en créant un statut du bailleur privé. La prorogation du Pinel, le gouvernement démissionnaire n'a jamais voulu en entendre parler. Peut-être le successeur de Gabriel Attal à Matignon y sera-t-il moins hostile. Bernard Cazeneuve, l'un des noms qui circulent pour le remplacer, n’avait-il pas loué en janvier 2017 le Pinel, à l’origine d'une «hausse de 10% de l’investissement locatif» en 2016, lorsqu'il était - déjà - Premier ministre ? Reste que la Cour des Comptes doit présenter, jeudi 5 septembre, un rapport sur le Pinel. Or, en 2018, elle recommandait de mettre fin au Pinel...
La seconde option - la création d’un statut du bailleur privé - prendrait la forme d’un amortissement de votre investissement locatif, déductible de votre revenu brut global, à l’image de ce qui existe en Allemagne. Imaginons que vous achetez un bien 200 000 euros pour le louer. Vous amortissez ce prix de 200 000 euros sur la base d’un taux de 2%, par exemple, durant 50 ans. Cela signifie que, chaque année, vous pourrez déduire 4 000 euros de votre revenu brut global. A noter que cet amortissement s’appliquerait aussi bien à un investissement locatif dans le neuf que dans l'ancien. Ce statut du bailleur privé vous permettrait également d’amortir sur 15 ans le coût de vos gros travaux, notamment de rénovation énergétique, et de déduire sans limite de vos revenus fonciers bruts les petits travaux, les charges locatives et les intérêts dus sur l’emprunt que vous avez contracté pour acheter le bien. Cerise sur le gâteau, ce nouveau statut du bailleur privé ne présenterait pas de surcoût pour les finances publiques, par rapport à la situation actuelle, assure la FFB.